Le stéthoscope, histoire, évolutions Le texte ci-dessous est une compilation d'informations publiées sur le net, relatives au Dr Laënnec, à la découverte puis l'évolution du stéthoscope. On commence tout naturellement par cette invention française du Dr. Laënnec. Puis on traverse l'Atlantique, pour se rendre en Amérique du Nord et plus particulièrement sur la côte est des Etats Unis. Très rapidement, la Guerre de Sécession éclate. Comme bien souvent, la guerre est un catalyseur pour apporter des innovations aux équipements et techniques médicales. Après les modèles rigides, en bois, en métal ou en ivoire, démontables, avec une panoplie d'embouts et de magnifiques boîtes de transport, on introduira des tuyaux flexibles. puis viendront les stéthoscopes biauriculaires. Dans les récits qui suivent, après m'être interrogé un temps, j'ai décidé de conserver et traduire les passages relatifs aux batailles entre les Armées de l'Union et les Confédérés. Par contre, je n'ai trouvé que très peu d'innovations découvertes en France; les innovations découvertes en Europe le sont surtout en Angleterre, en Ecosse. Il faut admettre que l'essentiel de ma documentation provient d'un site américain, que je vous ai traduit en français. Il s'agit d'antiquemed.com, qui dispose d'un collection impressionnante de photos de stéthoscopes. |
L'étude des bruits générés par le corps humain est déjà décrite dans un papyrus de l'Egypte ancienne, au
17è siècle avant J.-C. Ce document décrit les signes audibles de la maladie dans le corps. |
Le Docteur René-Théophile-Hyacinthe Laennec
est l'inventeur du stéthoscope en 1816.
1819-1826 : les stéthoscopes de Laennec
Ces stéthoscopes monocorps sont datés d'environ 1830, après la mort de Laennec. Le modèle de droite est pour adultes,
alors que le modèle de gauche est à usage obstétrique et pédiatrique.
ICI REPOSE LE CORPS
Quand Laennec publie en 1819 "De l’auscultation médiate", des praticiens lui ont
déjà emboîté le pas et imaginé des stéthoscopes. Dès 1816, précédant la présentation de
son mémoire à l’Académie des sciences de 1818, son invention a déjà gagné
l’Angleterre où l’intérêt est vif. Entre 1819 et 1826, date de la seconde édition de
son ouvrage, il modifie son stéthoscope. En France, en Angleterre, en écosse, en Irlande,
au Pays de Galle, en Amérique, les praticiens multiplient les matériels, guidés par l’imagination
et l’empirisme. De l’invention de Laennec à celle de Georges Cammann en
1852, qui inaugure l’auscultation biauriculaire, il s’écoule 3 décennies au cours
duquel d’innombrables praticiens participent à l’évolution du nouvel outil. Matériaux et
formes évoluent en permanence et beaucoup de ces inventions prennent le nom de leurs
initiateurs comme on le verra plus bas. Dénominations et attributions sont si nombreuses qu’il serait illusoire de
vouloir faire la liste de tous ceux qui participèrent à ce travail collectif. Rares sont les
schémas d’époque accompagnant ces nouveaux matériels et les textes du XIXème siècle
manquent de limpidité pour donner une idée précise de l’objet. Aucun dépôt de brevet ne
concerne Piorry, Nauche, Louis, Landouzy, Commins, Williams, Stokes, ou Bird… Si
aujourd’hui il nous apparaît évident que la transmission du son passe par la colonne d’air
du stéthoscope, les faits ne sont pas établis pour nos prédécesseurs. Cette méconnaissance
de l’onde sonore participe probablement à la profusion des modèles apparus durant
ce tiers de siècle. Le stéthoscope biauriculaire de Georges Cammann ne met pas fin à
l’auscultation mono-auriculaire cardiaque et pulmonaire. Elle perdure jusqu'à la
Première Guerre et se perpétue bien au-delà en obstétrique. |
Piorry estime le matériel de Laennec lourd et encombrant. Il écrit : “Je le rendis plus portatif” et précise avoir conçu son
matériel dès 1827 pour le substituer à celui de Laennec. Il fait appel au bois de cèdre, à l’ébène, à l’ivoire. Passé entre les mains de
Piorry, il perd de sa longueur et mesure 16 x 2cm. Son extrémité thoracique prend la forme d’une cloche évasée inspirée du
cornet acoustique et la cloche peut être fermée par un diaphragme d'ivoire. Comme Laennec, il insère dans la partie thoracique un cône
amovible qui offre une seconde surface d’auscultation. Trois portraits de Pierre Adolphe Piorry Le stéthoscope original de Piorry est fait en bois et en ivoire. La 3ème illustration représente
le stéthoscope assemblé, muni de l'embout de percussion. le stéthoscope pouvait être utilisé avec ou sans son embout (le plexor).
La photo de droite représente le stéthoscope replié comme une longu-vue, pour faciliter le transport.
Le stéthoscope Piorry va évoluer, un corps plus mince, sans extension. Il aura la moitié de la taille
du stéthoscope Laennec. Il a maintenant la forme d'une trompette, il est fabriqué en bois, avec un embout
amovible en bois, une pièce auriculaire en ivoire et un embout également en ivoire pour la poitrine.
L'embout côté poitrine est aussi utilisé en pleximètre. La plupart des stéthoscopes fabriqués après 1830 le seront sur la base
du modèle Piorry. Les stéthoscopes Piorry sont habituellement réalisés en bois de cèdre. On distingue
le corps principal, l'embout côté poitrine, qui sert aussi de pleximètre, et l'embout côté oreille. seconde photo à gauche, l'instrument est
prêt à l'utilisation.
Les photos de droite illustrent un travail magnifique et rare de gravure sur un stéthoscope de Piorry. A droite, le
stéthoscope est assemblé, prêt à être utilisé. La photo de gauche montre le pleximètre en ivoire qui se
visse sur l'extrémité thoracique en forme d'entoinnoir: il est orné d'une gravure qui représente une lancette pour
la saignée, des graines de pavot utilisées pour fabriquer la morphine, ainsi que le symbole d'Asclépios, le serpent
qui s'enroule sur un bâton (le Caducée Médical). Acompagné d'une inscription en latin, Conjurat et Amice (de ta femme,
avec amour). La pastille en ivoire côté oreille comporte une date sur la surface interne, 11 mai 1829, Paris. En 1851, Piorry abandonne bois et ivoire au profit du maillechort pour concevoir un appareil de la “taille d’un
agenda”. Le diamètre du tube de maillechort est prévu pour recevoir un crayon ou un thermomètre. Couplé à
un pleximètre (parfois noté plesimètre) amovible, le stéthoscope devient le “plesthoscope”. |
S’intéressant au souffle utérin, Maygrier propose en 1822 d’ausculter l’utérus gravide per vaginam. Nauche invente en 1829 le “métroscope”
pour ausculter au niveau du col. En 1847, Depaul rapporte le schéma du nouvel instrument fait d’un tube recourbé à 90° composé de trois parties vissées.
Une plaque circulaire d’ivoire permet d’appliquer l’oreille quand l’extrémité distale est placée au contact
du col. Il semble que Nauche détecte plus les mouvements précoces du foetus que ses battements cardiaques. Barth et Roger, dans leur traité
d’auscultation, estiment que l’on entend principalement le souffle utérin qu’ils comparent à celui obtenu en comprimant
une artère. Madame Boivin mentionne le “métroscope” dans son traité de 1833, Barth et Roger préfèrent utiliser le “cylindre de Laennec” pour percevoir
les battements foetaux au travers de la paroi abdominale. Il est proposé au catalogue de Mathieu de 1878 pour 10 francs.
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Sir james Mc Grigor est le père du Royal Army Medical Corps. C'est lui qui a introduit en 1821 l'usage du stéthoscope dans la pratique médicale militaire britannique. Les photos ci-contre montrent son stéthoscope, fabriqué en bois et en corne pour l'embout auriculaire. On retrouve l'embout en forme de cloche qui s'insère dans le cone, comme le stéthoscope de Laennec, pour le côté qui s'appuie sur la poitrine du patient lors de l'écoute des signaux du coeur. C'est un hybride intéressant entre le stéthscope de Laënnes et celui de Piorry: il a l'embout de Laennec et le disque de Piorry côté oreille du praticien. Cet instrument devint le standard pour l'auscultation du 19è siècle. De nombreuses modifications furent apportées, combinant les stéthoscopes Laennec et Piorry:
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Pour Commins, le cylindre de Laennec n’est pas pratique. Le dos courbé du praticien devient vite douloureux et la trop grande proximité
de l’examinateur ne respecte pas la bienséance. Il présente en 1829 un appareil avec tube rigide articulé en son milieu par une rotule,
de part et d’autre, chaque élément mesure 37,5 cm. Commins peut ausculter sous divers angles, changer la position du dos et se tenir à
distance du malade. L’extrémité thoracique est en forme de cloche et la partie auriculaire circulaire s’applique sur l’oreille (figure de gauche)
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Gallois d’origine, il étudie à édimbourg et vient en 1825 suivre l’enseignement de Laennec dont il sera l’un des traducteurs avec Forbes.
Il s'intéresse à l’interprétation du second bruit cardiaque qu’il attribue à la fermeture des valves aortique, et pulmonaire. Comme d’autres,
Williams s’interroge sur la transmission des sons en constatant que le cornet acoustique conduit la vibration sonore au tympan sans contact
physique entre émetteur et récepteur de son, alors que le stéthoscope doit être obligatoirement au contact de la paroi thoracique (30).
Le son est-il conduit par la colonne d’air ou les parois du stéthoscope ? En 1843 il propose un modèle à tube rigide en bois dur composé de
deux parties. La pièce auriculaire est amovible et l’extrémité thoracique en trompette est réputée confortable pour le malade. La pièce
amovible peut se fixer à l’une ou l’autre extrémité du tube pour offrir deux surfaces d’auscultation
A gauche, l'embout auriculaire est enfiché dans l'extrémité en forme de trompette, laissant libre la petite extrémité pour l'auscultation du coeur.
Au centre, la pièce auriculaire a été enfichée dans la plus petite extrémité, laissant libre la partie en forme
de trompette pour l'auscultation des poumons. A droite, la pièce côté oreille a été retirée. Ce modèle Williams est daté de 1845.
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Directeur de l’école de médecine de Reims, H.M. Landouzy constate qu’une cinquantaine d’étudiants suivent sa visite et que seulement
cinq ou six d’entre eux peuvent ausculter les malades. En 1841 il imagine un stéthoscope collectif permettant à dix étudiants d’ausculter
en même temps. La description de son matériel collectif appartient principalement aux auteurs américains. En 1851, E.J. Pollock écrit :
“In Paris M. Landouzy constructed an instrument having a number of gum-elastic tubes, by means of which several persons could listen at same
time…”. En 1856, Austin Flint, connu par le roulement diastolique accompagnateur des grandes fuites aortiques, décrit l’appareil de Landouzy
comme un “long tube avec plusieurs appendices conducteurs en gutta-percha”. Landouzy aborde le stéthoscope sous l’angle expérimental
comparant les vertus du fer blanc, du cuivre, de l’étain… dans la propagation des sons. Il estime que son intensité reste identique sur toute la longueur
du tube. Selon Landouzy, l’appareil doit être cylindrique, d’une seule pièce, en bois de
sapin avec une partie thoracique conique pour capturer les sons et condamne les membranes
d'ivoire vissées à son extrémité. Il estime la propagation des sons identique dans l’air
et au travers des solides. Il en fait la démonstration avec ses étudiants en auscultant au
travers d’un morceau de manche à balai. |
Les stéthoscopes flexibles mono auriculaires sont aparus vers 1832. Ils sont
constitués d'un ressort à boudin, enveloppé de soie tissée. Le tube fait en général 14 à 18 pouces de long
(35 à 45 cm), avec un embout pour la poitrine d'un côté, et un embout auriculaire, en général très court, de
l'autre côté. Ces stéthoscopes ressemblaient aux tubes utilisés pour la conversation (en particulier sur les navires),
qui étaient beaucoup plus longs. C'était la première tentative de synergie entre le stéthoscope et le téléphone.
Je connais la seconde, qui est malheuresement bien galvaudée aujourd'hui.
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À Londres, l’idée vient à Stroud d’adapter à l’auscultation cardiaque les tubes de conversation à l’usage des sourds et fait ses premiers tests d’auscultation dans la boutique du marchand qui lui fournit l'appareil. Golding Bird, autre praticien londonien, diffuse la méthode. La discussion tourne alors autour de la longueur idéale du tube, entre 50 et 70 cm, qui doit permettre d’explorer tout le thorax sans avoir à changer de place. Cette même année 1841 Piorry écrit : “on rendit la tige flexible à l’effet d’ausculter la poitrine en arrière lorsque le malade est assis” |
L’idée du tube souple pourrait être attribuée à Landouzy qui utilise des tubes en gomme élastique sur son appareil d’auscultation collective avant que Pennock ne réalise un modèle inspiré de cette idée. En 1844, après la vulcanisation du caoutchouc et gainé de soie, il mesure 45 cm. Sa pièce auriculaire est en ivoire et Pennock le destine à l’auscultation cardiaque (figure à droite). |
Billing enseigne à Londres à partir de 1822. Très impliqué dans la musique et le “bel canto”, il soigne Paganini et nombre de musiciens. Il s’intéresse aux sons et considère que leur transmission passe à la fois par la colonne d’air du stéthoscope et par ses parois. Il propose un modèle monoxyle pour favoriser la propagation des ondes sonores en forme de double bulbe. Bird, au Guy’s hospital de Londres, aboutit à un constat voisin. Les fibres du bois doivent suivre le grand axe du stéthoscope si l’on veut obtenir la meilleure transmission possible des sons via la paroi. |
Le modèle de stéthoscope monaural Fergusson a été designé en Angleterre, et il devint le stéthoscope le plus populaire de la seconde moitié du 19è siècle.
Il était usiné dans le sens du fil de bois moins dense, avec un trou foré en son centre de façon à faciliter la transmission du son. Il mesurait environ
7 pouces de long (18 cm), avec une face auriculaire de 2,5 pouces de diamètre (environ 6 cm), qui recouvrait parfaitement l'oreille du professionnel de
santé afin d'éviter les déperditions de son. La partie appliquée sur le thorax du patient a la forme d'une cloche d'environ 1 pouce de diamètre (2,5 cm). Bien
souvent, le stéthoscope de Fergusson avait le nom ou les initiales du praticien gravés sur la partie auriculaire.
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En 1729, la "four bed Edinburgh Infirmary" est construite grâce aux fonds apportés par
le College Royal de Médecins d'Edinburgh, avec à sa tête Robertson's Close. Je vous rassure, en 1741, l'Hôpital possède un second bâtiment avec 228 lits, puis un
3è et un 4è bâtiments seront construits. D'où l'ambigüité que l'on peut trouver parfois, avec les 4 "Infirmaries" et les 4 lits. Ces
bâtiments sont érigés en plein coeur de la ville. Au début, on l'appelait l'Hôpital des Malades Pauvres, l'Hôpital des Médecins, ou la petite maison (Little House)
C'était le premier hôpital bénévole en Ecosse. Le second bâtiment, avec ses 228 lits, a été conçu par William Adam, il est situé Infirmary Street, et devient
un dispensaire royal. C'est dans cet établissement que le Dr. James Hope, médecin et chirurgien, a utilisé pour la première fois un stéthoscope et qu'il a appris l'art de l'auscultation
à côté du lit des patients.
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Cet Irlandais passe par l’école médicale de Glasgow pour retourner à Dublin prendre la succession de son père et y enseigner. En 1825, encore étudiant, il publie le premier traité en langue anglaise sur le stéthoscope : On the use of stethoscope, directement inspiré de Laennec. Il discute des avantages et inconvénients des divers modèles et rejette ceux dont l’extrémité auriculaire pénètre dans le méat auditif. Outre sa description du pouls lent permanent syncopal et de la respiration de l'insuffisance rénale terminale, sa contribution à l’auscultation de l’emphysème est importante. Il propose un matériel avec partie auriculaire en forme de cloche (19) et tube long dépassant 30 cm pour se tenir à distance des infections cutanées (Figure à droite). Quelques modèles de Stokes sont couplés à un marteau à réflexes.
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Depaul fait exécuter par Charrière un appareil au sujet duquel il écrit : “On lui donnera mon nom pour le distinguer des autres”. Il opte pour un modèle raccourci de 6 pouces (16,2cm), avec un large opercule légèrement concave de 5 cm de diamètre. La partie thoracique est fortement conique sur une longueur de 5 cm. Il retient le bois de cèdre estimant que l’ébène est tout aussi valable mais plus cher. En choisissant une pièce de bois monoxyle pour une bonne transmission des sons, il adhère aux constats de ses collègues anglais. Il spécifie que son modèle convient tout autant à la femme enceinte qu’à l’auscultation de la poitrine. Le schéma du matériel de Depaul est rapporté en 1874 par Malliot (Figure à gauche). |
Originaire de Pilsen, Skoda enseigne à l’hôpital général de Vienne où il est influencé par les travaux d’Auenbrügger sur la percussion. À Vienne, il est le collègue de Bilroth et Rokitanski. En 1839 il publie un traité consacré à l’auscultation et à la percussion, diffuse l’auscultation et rapporte que le stéthoscope cause beaucoup de frayeur. Pour Skoda, ni la structure, ni la longueur, ni la forme de l’opercule n’influencent l’auscultation. Vers 1850 il dispose d’un stéthoscope démontable pour en réduire l’encombrement. |
Ludwig Traube passe par Breslau, Berlin et Vienne où il côtoie Skoda. Sa carrière est entravée en raison de son implication dans les évènements de 1848 et de sa judaïté. Comme Piorry, il associe son stéthoscope à un plessimètre. |
Pour minimiser l’amortissement du son par la paroi thoracique il conçoit vers 1850-1860 un modèle dont l’extrémité thoracique adopte une forme rectangulaire qui s’insère dans un espace intercostal. Au choix du praticien, il est en frêne ou en ébène. |
Il y a eu un débat vif et long, pour savoir si des médecins civils ont utilisé un stéthoscope pendant la guerre se sécession.
On sait aujourd'hui que si les chirurgiens de guerre sont supposés ne pas utiliser le stéthoscope, c'est parce que le catalogue de l'école
médicale de Harvard ne tenait pas de liste des propriétaires des stéthoscopes. Cette liste ne sera créée qu'après la guerre civile, en 1869.
Néanmoins, les étudiants possédaient leur propre équipement; c'est sans doute à l'aide de ces anciens équipements que les médecins ont pu
décrire les signes auscultatoires décrivant les atteintes cardiaques et pulmonaires. Les départements médicaux des armées confédérées et de
l'union montrent des stéthoscopes parmi les équipements médicaux pour les hôpitaux de guerre civils.
Le chirurgien confédéré William R. Robinson a été diplômé par l'Académie Militaire de West Point, où il a fait ses études entre 1845 et 1849. Il a fait ensuite ses études en médecine au département médical de l'Université de new York, de 1853 à 1857. C'est durant ses cours cliniques à l'hôpital Bellevue qu'il a été amené à utiliser le stéthoscope sous le tutorat de Valentine Mott (le père de la chirurgie américaine) et de John Metcalfe qui était en cahrge du cours "diagnostic physique et pathologies du thorax". Après avoir obtenu son diplôme, le Dr. Robinson est nommé médecin adjoint à l'Hôpital de Retraite pour les marins à Staten Island, NY. En 1860, il part pour Galveston, Texas. Lorsque la Guerre de Sécession éclate, il rejoint les Texas Rangers, où il est nommé chirurgien adjoint dans les Forces Volontaires du Texas. Il servira dans le 3è régiment de la Brigade Arizona, au nord du Texas, en tant que Directeur de l'Hôpital Général de l'armée confédérée, à Columbus, Texas. Jusqu'à la fin de la guerre, il avait aussi un contrat de chirurgien adjoint pour la prisaon de l'armée de l'Union, à Ship Island (Mississipi). Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de l'implication des cadets de West Point pendant la guerre civile.
Alors que les stéthoscopes pour les enfants avaient plutôt tendance à être plus courts que les équipements pour les adultes
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Au début des années 1850, on assiste à l'arrivée d'une pléthore de stéthoscopes qui utilisent les deux oreilles.
Ce nouveau type d'instrument "binaural" (bi-auriculaire) était considéré comme étant l'instrument du futur pour l'auscultation. Pour
être rigoureux, l'idée du stéthoscope binaural fut décrite en 1829, c'est-à-dire à peine 10 ans après la description par Laennec
de son invention. L'idée apartient à Nicholas Comins, qui décrivit son stéthoscope comme étant un "tube courbé" avec plusieurs
charnières pour être plus confortable, et binaural.
Mais cette idée resta à l'état de croquis. Ce n'est qu'en 1851 que le premier modèle commercial fait son apparition.
C'est aussi la première fois que la partie en contact avec le patient est recouverte d'un diaphragme.
On dit que c'est le Dr. C.J.B. Williams qui construiusit le premier stéthoscope biauriculaire, fait de tuyaux courbés comme
on le voit sur la photo de droite (en effet, l'usage du caoutchouc n'était pas encore répandu) fixés sur une pièce en bois.
L'instrument représenté à droite est daté de 1840 environ. |
Avant 1855, George Tiemann gravait son nom sur ses instruments médicaux. Après 1855, il grave G. Tiemann & Co. C'est une preuve supplémentaire du fait que les photos représentent bien le stéthoscope de Cammann de 1852. Quelques vus supplémentaires ci-dessous.
Le stéthoscope de gaiuche est daté de 1852, celui du centre date de 1855 et celui de droite date de 1860. On notera que les tubes flexibles sont plus longs, et qu'ils ne sont plus recouverts de velours. Ils sont attachés aux embouts auriculaires par ce fameux gutta percha (gomme de latex). Il s'agit d'un modèle unique. les 2 parties de l'instrument peuvent être détachées pour le transport.
A gauche, une photo prise environ en 1885 du Dr. George P. Cammann, de New York, qui a développé le stéthoscope
biauriculaire alors qu'il travaillait au Dispensaire Nord. Le Dispensaire fut construit en 1831 pour apporter des soins médicaux
"aux malades et aux pauvres". Il est resté ouvert jusqu'en 1989. L'originalité de ce bâtiment à trois faces est qu'il est le seul bâtiment de
New York qui a deux côtés sur une rue (la Place Waverly), et un côté sur 2 rues (les rues Christopher et Grove). Les 2 photos de bâtiments
ci-dessus représentent le dispensaire en 1885 et en 2006. Le Dr Cammann a été emplyé par le Dispensaire de 1832 à sa retraite en 1859
comme l'attestent les copies de documents ci-dessus (pages du 7 juin 1832 et du 7 octobre 1859 des "Proceedings of the Trustees of the Northern
Dispensary". Le premier document fait état de son recrutement, et le second le remercie pour son action fidèle au service du Dispensaire.
Le Dr. Cammann était également membre de l'Eglise Episcopale St. James dont on peut voir l'un des vitraux représentant St. Jean et St. Pierre
sur la photo de droite, ainsi que la guérison d'un homme à la belle Porte du Temple de Jérusalem. Ce vitrail fut installé lors de la construction
de l'Eglise en 1864-1865, en mémoire du Dr. Cammann, lhomme profondément humain. On peut y lire cette dédicace:
"In Memory of Geo. P. Camann M.D. dec. Feb. 14. 1863." Les modèles de Cammann ont été fabriqués avec différentes solutions pourles mécanismes de tension dont le but est d'assurer un contact le plus parfait possible contre les oreilles du praticien. La première version du Dr Cammann utilisait une bande élastique. Ci-dessous, différentes solutions pour assurer la pression contre les oreilles.
Sur le modèle de gauche, la pression est assurée par un élastique, design original du dispositif de tension
imaginé par le Dr. Cammann et fabriqué par W.F. Ford & Co vers 1870. Le modèle suivant datant d'environ 1880 est équipé d'un ressort;
c'est la version brevetée Ford. Le 3ème est une modèle Hazard, Harzard & Co de 1890. Le modèle tout à droite est
équipé d'une vis pour régler la tension. Il s'agit d'un modèle Sharp & Smith, environ 1880.
Comme ce fut le cas pour le modèle de Laennec, l'équipement de Cammann ne fut pas adopté immédiatement. Ce n'est qu'après que
Austin Flint (qui avait été très critique contre le biauriculaire en 1856) ne finisse par l'adopter en 1866 que l'usage
du Cammann s'est largement répandu. Dans la seconde moitié du 19è siècle, l'enseignement des médecins prend de plus
en plus en cmompte les progrès dans la technologie médicale, et le stéthoscope devient rapidement l'emblême des médecins
hautement qualifiés. De nos jours, le stéthoscope est toujours l'emblême du médecin.
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La "Harvard Medical School (HMS)" fut fondée en 1782, la même année que le "Massachusettes Medical College" à Cambridge. John Warren, professeur d'anatomie et de chirurgie, l'un des 3 fondateurs du collège médical de Boston. En 1811, son fils John Collins Warren participa à la fondation du Massachussets General Hospital (MGH), le 3ème plus ancien hôpital des Etats Unis. Comme la plupart des hôpitaux fondés au 19ème siècle, la vocation du MGH était de soigner les pauvres. En 1869, un département des sciences basiques et cliniques fut créé, avec un programme de cours sur 3 ans, qui a remplacé l'ancien cursus d'apprentissage. L'Ecole Medicale de Harvard devint le standard pour l'éducation médicale universitaire.
Le dessin ci-dessus à gauche représente le bâtiment Bulfinch du MGH dans les années 1880, reconnaissable avec son fameux dôme "ether":
l'ether a été utilisé pour la première fois pour l'anesthésie durant les opérations au MGH en 1846. Le plafond de la salle d'opérations
en forme de dôme vitré permettait aux chirurgiens d'opérer à la lumière du jour, mais aussi de rester éveillés; en effet, les vapeurs d'ether
s'élevaient dans le dôme. Le HMS déménagea par la suite le campus de Cambridge à Boston, où il fut voisin du MGH de 1846 à 1883. Sur la photo de droite
qui est datée de 1875, on reconnait le HMS au premier plan et le MGH à l'arrière plan.
La photo du milieu représente la plaque du cabinet du Dr. Huse, au 136 Austin Street à Worcester, dans le Massachussets, ainsi que sa carte d'accès à la Harvard Medical School en 1879-1880. A gauche, un portrait de Charles A. Huse, étudiant à la brown University en 1878. A droite, une photo de groupe de sa classe à la Harvard medical School en 1881. Il est assis sur les escaliers, au centre.
Ci-dessus, à gauche, le stéthoscope Cammann du Dr. Huse, gravé Shepard & Dudley, N.Y., à droite, un kit d'instruments chirurgicaux (forceps, dilatateur d'urètre), et au centre, un courrier du propriétaire de Shepard & Dudley, New York, daté du 14 juillet 1877 à son ami Charles pour l'inviter à se joindre à sa famille pour les vacances.
Le Dr. Huse tenait méticuleusement à jour les dossiers de ses patients. Le journal ci-dessus indique que pour la patiente numéro 7 de la page 6, le Dr. Huse a diagnostiqué le 4 mai 1883 une dyspepsie. Cette patiente était Miss Winnie Clark, que l'on voit en photo. Le verso de la photo porte le logo du photographe, ainsi qu'un petit mot manuscrit de la jeune personne.
Les enregistrements du Dr. Huse conservent une copie de la facture pour chacun de ses patients. Une visite de routine coûtait $1.00 ! |
L'hôpital Bellevue à new York City est le plus vieil hôpital des Etats Unis. Il fut fondé en 1736, avec 6 lits pour les
nécéssiteux. Il était situé à, l'emplacement de l'actuel City Hall, dans la bas de Manhattan. En 1794, la ferme Belle Vue
fur utilisée pour mettre en quarantaine les victimes de l'épidémie de fièvre jaune. En 1811, la ferme Kips Bay, au nord de
Belle Vue, est achetée par la ville pour agrandir l'hospice. McKim, Mead & White ont fait les plans des bâtiments de l'hôpital
Bellevue, construits entre 1908 et 1930, à l'angle de la 1ère avenue et de la 27ème rue.
Le Dr. William H. Nammack a été diplômé du Bellevue Medical College en 1886. Il fut l'un des 4 candidats qui réussirent
à obtenir un poste au bellevue. Il a été médecin à la 3ème division de l'hôpital en 1886 et 1887. En septembre 1887, il
est nommé Superintendant Médical du pavillon "des fous". Il reste membre de l'équipe médicale externe de l'hôpital pendant 9 années.
Il a un cabinet au 11 Rutgers Street à New York City et exerce en tant que médecin et chirurgien. En 1892, il ira s'établir à
Far Rockaway. Il était médecin et pathologiste externe au St. Johns's Hospital à Long Island City. Il était également coroner
du Queens, membre de la Bellevue Hospital Alumni Society. Son fils Griswold D. Nammack, son petit-fils Griswold P.D. Nammack,
son frère Charles E. Nammack, son neveu Charles H. Nammack furent également médecins au Bellevue. Son petit-fils Thomas W. Nammack
est le direteur de la Montclair Kimberley Academy, à Montclair (New Jersey).
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La médecine "éclectique" était une branche de la médecine américaine qui utilisait des remèdes botaniques en même temps que d'autres substances
et des pratiques de physiothérapie. Elle fut à la mode durant la seconde moitié du 19è siècle et la première moitié du 20 è
siècle. Les "Eclectiques" étaient des médecins qui pratiquaient cette philosphie "d'alignement avec la nature", apprendre et utiliser d'autres
concepts d'autres écoles de pensée médicale. Ils s'oppoisaient à la saignée, la purge chimique et l'utilisation de composés mercurés,
pratiques d'usage courant à cette époque.
Sur la photo de gauche, la stèle en mémoire de la Première Artillerie Légère de l'Illinois, à l'emplacement de la première
bataille de Siloh. La plaque gravée sur cette stèle (photo de droite) porte les inscriptions suivantes: "Batterie E de
Waterhouse, commandée par 1. Capitaine Waterhouse, blessé; 2. Lieutenant A.E. Abbott, blessé; 3. Lieutenant John A. Fitch.
Deux pièces d'artillerie ont progresé d'environ 300 yards, mais se sont rapidement repliées et toute la Batterie est entrée en action.
Ce sol a été tenu de 7h à 9h30 du matin. Puis la batterie a perdu 2 pièces et s'est repliée d'environ 100 yards. Les pertes dans cette
bataille furent 1 homme tué, 3 officiers blessés et 14 hommes de troupe blessés; total, 18." |
La cloche du stéthoscope de Cammann va connaître une évolution définitive grâce au modèle de Ware. Il s'agit d'une adaptation de la cloche initiale dans laquelle une cloche plus petite pouvait être vissée dans la grande cloche. De cette façon, o pouvait adapter le diamètre de la cloche par adjonction de nouvelles pièces, mais sans avoir à retirer la cloche initiale. la petite cloche était utilisée pour effectuer des auscultations avec davantage de précision, en particulier pour l'auscultation cardiaque.
Sur les photos ci-dessus, à gauche, un stéthoscope de Knight avec la cloche de Ware, daté d'environ 1870, qui appartenait à Sir William Osler alors qu'il était étudiant puis, plus tard, membre de la faculté à l'Ecole de médecine Mc Gill. Le Dr. Osler a reçu son stéthoscope de sa petite nièce, Marian Grace Francis, qui l'avait trouvé dans les ustensiles de dissection trouvés dans la maison de la femme de ménage de Francis. Marian Grace était la fille de William Willoughby Francis, le fils du cousin d'Osler. Ce stéthoscope est rare en soi, de par la présence de la cloche de Ware, mais aussi parce qu'il a appartenu à la famille Francis qui compte parmi ses membres l'un des plus célèbres médecins, Sir William Osler que l'on voit sur la photo du milieu, prise en 1870, alors qu'il était membre de la faculté de médecine au Mc Gill, docteur et le premier pathologiste à l'Hôpital Général de Montréal. Le Dr. Osler était un "étudiant" acharné des pathologies, dans la grande tradition des Laennec et autres, qui mirent en application leurs découvertes post mortem pour mieux comprendre la patholgie de la maladie; c'est sans doute pour cette raison qu'il ne faut pas être surpris d'avoir découvert son stéthoscope au milieu de ses équipements de dissection. (Photos courtesy Alex Peck)
Le bâtiment de la première école de médecine Mc Gill (photo de gauche) fut inauguré en 1872, juste après que le Dr. Osler ait été diplômé de Mc Gill.
La photo de droite représente l'Hôpital Général de Montréal en 1872. Le Dr. Osler dira plus tard "quand j'ai débuté mes travaux cliniques en 1870,
l'Hôpital Général de Montréal était rempli de vermine et de rats, mais il avit deux avantages définitifs pour les étudiants, des patients atteints
de maladies représentatives et des profs exceptionnellement bons." (Cité dans le Medical Clinic, British Medical Journal du 3 janvier 1914)
De nombreux stéthoscopes biauriculaires seront bientôt proposés, qui n'ont que des tubes flexibles en caoutchouc pour relier les embouts auriculaires et les embouts thoraciques. Les pièces auriculaires sont directement enfichées dans le conduit auditif, comme c'est le cas pour nos oreillettes actuelles. Ce type de modèle était bien pratique pour le transport, il pouvait même se glisser dans la poche du médecin. Mais les "oreillettes" de l'époque n'étaient pas très pratiques ni très apréciées des médecins. On voit quelques modèles de ce type de modèle dans les photos ci-dessous:
L'exemple à gauche a été fabriqué en Chine, avec des embouts auriculaires en ivoire, et une cloche en ivoire réversible; chaque côté de l'embout réversible a une forme et une taille différente, très certaienemnt pour l'auscultation du coeur et celle des poumons. Le modèle du milieu vient du Japon. Sur celui de droite, la cloche est en gutta percha. On vit aparaître d'autres types de stéthoscopes, mis au point afin d'améliorer la qualité des sons auscultatoires. L'amélioration la plus notable et la plus largement copiée fut celle de Bazzi et Bianchi en 1894. C'est le tout premier stéthoscope qui utilise un diaphragme avec une membrane. On l'appelle le "phonendoscope": il comporte une caisse de résonnance délimitée par 2 membranes, les diaphragmes, placées de part et d'autre d'un petit anneau métallique. Une pièce en gutta percha anti-froid équipe l'anneau métallique pour le confort du patient, mais également pour éviter les glissements et les frottements sur la peau, sources de bruits parasites. Ce pavillon était équipé de 2 longs tuyaux souples en guise de lyre, qui pouvaient être complètement enroulés pour permettre au stéthoscope de ne mesurer alors que 3 pouces. En Amérique, le Phonendoscope ne fut commercialisé que par la G. Pilling Company de Philadelphia, mais il fut fabriqué et utilisé dans de nombreux autres pays.
Ci-dessous, une variante intéressante du phonendoscope imaginée par le Dr. Schreiber. On peut l'utiliser aussi bien comme un stéthoscope mono auriculaire, ou comme un phonendoscope monoauriculaire.
A gauche, un Stethoscope Magniphone, un instrument peu habituel, fabriqué par la Compagnie Rectophone. On ne trouve pas davantage d'information
sur ce prototype, qui n'est listé dans aucune des collections connues. Ce modèle unique est daté de 1900.
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Au début du 20ème siècle, les stéthoscopes bi auriculaires à membrane étaient monnaie courante. par contre, l'utilisation de la membrane sur un stéthoscope mono auriculaire est particulièrement inhabituelle. Et pourtant, on en trouve un dans le catalogue du début du 20ème siècle de la société Aesculap. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, ce stéthoscope mono auriculaire est en métal, et il est équipé d'un capuchon de membrane qui peut être mis en place ou retiré du diaphragme. Cet exemplaire est unique.
On est toujours au début du siècle dernier. On assiste à une véritable compétition pour innover et faire évoluer le stéthoscope. Avec en particulier des travaux pour réussir à différencier les signaux du coeur de ceux des poumons. On notera des progrès notables en ce sens avec le stéthoscope différentiel du Dr. O. Leyton et le Symballophone du Dr. William J. Kerr.
Modèle unique de stéthoscope différentiel de Leyton daté de 1918. Leyton a basé son design sur celui des stéthoscopes différentiels de H. Bock et M. Y. Oertel. le stéthoscope différentiel était utilisé pour déterminer des intensités relatives de siganux cardiques. Le mécanisme à vis permettait de régler l'intensité du son à travers la chambre et de cette façon, pouvoir enregistre / étalonner l'intensité du son. La tête de stéthoscope représentée sur ces photos pouvait être vendue séparément, ou avec une lyre biauriculaire. les photos de droite représentent la boîte d'origine qui contenait la tête du stéthoscope. et la dernière photo quant à elle, est la copie d'un article qui décrit les étapes du montage du stéthoscope, ainsi que les instructions pour l'utiliser. |
William J. Kerr, M.D. fut le premier diplômé de médecine à être nommé en 1927 Professeur à temps plein et président du Département
de Médecine de l'UCSF (University of California San Francisco). Il avait fait ses études et son internat à l'Ecole de Médecine de harvrd, dont il fut
diplômé en 1915. Son centre d'intérêt était la cardiologie, et en particulier l'utilisation d'instruments permettant d'aider à établir des
diagnostiques précis pour les maladies cardiovasculaires. En 1937, il décrit "a modified stethoscope for the lateralization
and comparison of sound" dans le "American Heart Journal" et il obtient en 1940 un brevet pour son symballophone.
Comme on peut le voir sur ces photos, le Symballophone de Kerr était très similaire au modèle différentiel d'Alison, la différence
étant qu'il utilise deux diaphragmes pour le thorax à la place des cloches. En plus, les sons de chacun des embouts poyur le thorax
pouvait être entendus dans chacune des oreilles, de telle façon que l'examinateur - l'ausculteur - puisse comparer des sons provenant de
différentes localisations sur le thorax. A droite, un Symballophone de Kerr daté de 1940. On note les parties thoraciques en métal, et
la double boucle pour relier les parties métalliques de la lyre. C'est grâce à cet artifice que les sons provenant des 2 diaphragmes se
mélangeaient avant d'atteindre les embouts auriculaires. le modéle de Symballophone qui est à gauche date de 1950. Les embouts
pour le thorax sont en bakélite qui remplace le métal, les tubes en caoutchouc sont très longs, sans doute afin de pouvoir ausculter
simultanément des endroits distants l'un de l'autre du thorax dans le but de pouvoir les comparer. Les photos tout à gauche montrent
l'étui en cuir qui contenait ce Symballophone. Ce stéthoscope était utilisé par le Dr. William Faulkner (1896-1976), chirurgien thoracique
qui était à l' UCSF pendant le mandat du Dr. Kerr en tant que patron du Département de Médecine de l'UCSF.
Les premiers modèles de diaphragmes ressemblaient aux cloches plus anciennes, à la différence qu'une membrane rigide recouvrait la cloche. Ces micro-phonendoscopes étaient très populaires en Europe au début du 20ème siècle. Ci-dessus à gauche, un modèle Oertel signé F. Davidson, London, de 1905. Le stéthoscope est entièrement en métal, y compris les tubes flexibles qui sont également en métal. Il est livré dans une pochette en cuir. A droite, un modèle Oertel similaire, à la différence près que les tubes flexibles sont en caoutchouc. Le stéthoscope modèle Oertel qui est représenté ci-dessus était utilisé en 1920 par la Dr. hollandaise L.M.S. Lekkerkerker-De Jong in Hilversum, Hollande (photo de droite, avec son stéthoscope autour du cou). A gauche, sa carte de visite et au centre, son ustensile. On remarquera que, alors que la lyre est flexible sur les modèles Oertel, ce modèle du Dr. Lekkerkerker a une pièce lyre pliable. On note également le coussin ainti froid en caoutchouc. |
Le Dr. Robert C.M. Bowles a breveté en 1894 un stéthoscope à diaphragme. La version originale était équipée d'un diaphragme plat qui pouvait
s'utliser avec ou sans une tige courte qui pouvait être vissée dans le diaphragme. Le rôle de cette tige était de localiser précisément les
sons du coeur. La pièce thoracique pouvait être raccordée à une lyre de stéthoscope de Cammann classique, ou bien on pouvait tout simplement
placer l'oreille sur l'orifice de la pièce thoracique. les premières versions de ce modèle de stéthoscope n'étaient mlivrées qu'avec l'embout
thoracique; par la suite, il y avait une cloche et un diaphragme interchangeable. C'est pour cette raison qu'on le baptisa "le stéthoscope
combiné". Au début du siècle dernier, l'unique fabricant des stéthoscopes Bowles en Amérique était George P. Pilling Son Co. of Philadelphia.
Les photos ci-dessus montrent à gauche la version Pilling de ce stéthoscope (1910). Tou à gauche, on voit le stéthoscope
avec le diaphragme de Bowles, séparé de la pièce Albion Ford, puis avec le diaphragme de Bowles inséré grâce à un connecteur Bloomfield
dans la cloche Ford. Cela permet de transformer le stéthoscope en modèle Bowles à diaphragme. Les deux photos de droite montrent le
modèles Klagges de ce stéthoscope (1940). Ce stéthoscope est équipé d'une cloche Ford en plastique et d'un diaphragme de Bowles. Sur la photo
tout à droite, on remarque la petite pièce métallique qui sert à protéger le diaphragem quand il n'est pas utilisé pour l'auscultation.
Ci-dessus, d'autres exemples de stéthoscopes de Bowles. De gauche à droite: un stéthoscope Bowles en fer plat dans sa boîte d'origine en bois (1898), puis un stéthoscope de Bowles grand modèle (1901) dans sa boîte en bois; le troisième, dans sa boîte en carton est un modèle de taille moyenne, daté de 1909; puis un modèle avec une cloche additionnelle en caoutchouc dans sa boîte en bois (1915); le dernier Bowles, dans sa boîte en carton, date de 1930. Les pièces thoraciques des stéthoscopes de Bowles étaient équipées d'anneaux circulaires pour améliorer la transmission du son entre le diaphragme et le tube de raccordment vers la lyre. Sur les photos ci-dessus, en partant de la gauche, on voit la partie thoracique avec 1. le couvercle métallique clipsé 2. le diaphragme en plastique mis en place 3. le diaphragme en plastique retiré pour laisser aparaitre les rainures. La photo du milieu est un échantillon très rare de stéthoscope de Bowles dans sa boîte originale qui fut très certaienemnt réalisé à l'occasion de la conférence médicale d'Atlantic City (voir l'étiquette dans le couvercle de la boîte) qui eut lieu en juin 1909. La boîte fait 5.5 inches de long sur 1.5 de large (allez, je vous traduis, ça fait environ 14 cm sur 4). cet échantillon de stéthoscope de Bowles ne mesure que 13 cm. Les diaphragmes de Bowles étaient disponibles en tailes mini, petit, moyen et grand, avec un ou deux tubes de connexion. Sur la photo de droite, le modèle mini deux tubes, le modèle moyen 2 tubes, et le large un tube. |
Ci-dessus, un stéthoscope de Bowles particuler, daté de 1901, avec son tube original en caoutchouc. Ce stéthoscope
a apartenu au Dr. William F. Muhlenberg, un descendant direct d'Henri Melchior Muhlenberg qui fonda l'Eglise Lutherienne en Amérique,
et le père de l'un des généraux de la "revolutionary war" (1775–1783, la guerre d'indépendance contre l'Angleterre) John Peter Muhlenberg
qui servit avec George Washington à Valley Forge. Le Dr. Muhlenberg est né en 1852 à Gettysburg, en Pennsylvanie. Il a fait ses études
au Collège Muhlenberg, et il a obtenu son diplôme de médecine à l'Université de Pennsylvanie en 1872. Il fut un chirurgien célèbre, qui a
exercé à l'Hôpital de Reading, en Pennsylvanie. Il fut élu Président de la Berks County Medical Society en 1883. Il est décédé à reading, d'une
myocardite en 1915. ce stéthoscope fut conservé par son fils, Heister H. Muhlenberg; il provenait de la succession du Dr. John Peter Gabriel
Muhlenberg de Berks County, toujours en Pennsylvanie.
De gauche à droite, un stéthoscope bracelet de Pilling avec une bande métallique pour le bras et un bouton de diaphragme pour faciliter la mesure de la pression sanguine, daté de 1920. Puis un des premiers stéthoscopes de Sprague-Bowles qui incorpore la cloche de Ford et le diaphragme de Bowles, les deux dans le même embout thoracique, avec un levier pour basculer entre les deux têtes, et un mécanismpe de serrage de Herschel pour ajuster la pression de serrage de la lyre. Il est daté de 1926. Le quatrième stéthscope est un Sprague-Bowles avec une particularité dans sa valve levier pour basculer entre la cloche de Ford et le diaphragme de Bowles. Il est représenté dans sa boîte d'origine, et date de 1943. Le cinquième instrument est un stéthoscope de Rieger-Bowles, avec une version améliorée de la valve levier pour basculer entre la cloche de Ford et le diaphragme de Bowles. L'invention date de 1950, et le :odèle présenté dans sa boîte d'origine date de 1963. Quelques autres modèles originaux: de gauche à droite, un stéthoscope de Kehler dans sa boîte d'origine en acajou (1897), puis une version améliorée du stéthoscope de Kehler également dans son pochon d'origine (1901); le troisième est un stéthoscope de Fleisher à 3 têtes dans sa boîte d'origine en carton (1940), le quatrième est un stéthoscope de Fleisher avec sa tige de localisation vissée dans le diaphragme (1950). Le dernier est un stéthoscope de Meredith Swivel avec un diaphragme et une cloche en fausse écaille de tortue (1930). De gauche à droite: un stéthoscope phonophore, avec un petit coussin anti froid en caoutchouc (1910), puis un phonendoscope miniature équipé d'une tige de localisation articulée (1920); le troisième instrument est un stethonoscope de Teske dans sa boîte d'origine en cuir (1930); puis un stéthoscope de Pollard, avec des vis de tension pour ajuster la tension du diaphragme (1940). Le dernier est un stéthoscope Heart Beat de Pilling avec ajustage de la tension du diaphragme (1930). La photo de gauche a été prise dans la clinique cardiaque du New York Post Graduate Medical School and Hospital (aujourd'hui le Tisch University Hospital of NYU Medical Center). Le médecin debout utilise un stéthoscope à cloche de Ford pour ausculter le coeur de son patient. On distingue à gauche un autre praticien assis, qui mesure la pression sanguine de son patient. La photo a été prise en 1910. Sur la photo de droite, un cadre sous verre qui représente un médecin qui ausculte le coeur de son patient, pendant qu'une infirmière relève les remarques du médecin sur son dossier; cette photo a été prise en 1911 au Cornell Med. Center, NY. (NYU Photo courtesy of the NYU School of Medicine Archives). Un document exceptionnel: la photo de gauche représente le premier stéthoscope électronique, le 3A, fabriqué par Western Electric en 1925. Il a l'air impressionnant comme ça, mais il est transportable: il pèse 14 livres (environ 6,3 kg). Il est équipé de boutons, l'un pour régler le volume du son, et l'autre le filtre de l'amplificateur. A gauche de l'apareil, le pavillon du stéthoscope, et à droite, l'Y pour enficher les tuyaux d'une pièce acoustique. La seconde photo est la notice de l'équipement, qui était fixée sous le couvercle de l'équipement. La troisième photo représente un stéthoscope acoustique RCA dans sa boîte, avec sa notice. Il date de 1943. Tout à droite, un Sonoscope de Faraday, dans sa boîte en bois, et avec sa notice. Il date de 1956. |
rappaport et Sprague ont inventé ce nouveau stéthoscopedans les années 1940. Cet instrument devint rapidement le
standard par rapport auquel on comparait les autres stéhoscopes. Il avait 2 faces, l'une avec un diaphragme pour l'auscultation des
poumons, et l'autre avec une cloche pour l'auscultation du coeur. Par la suite, le rappaport-Sprague sera industrialisé par Hewlett Packard.
La division médicale de HP est ensuite passée chez Agilent pour devenir Agilent Healthcare, qui fut à son tour racheté par Philips
pour devenir Philips Medical Systems. A cette époque, le stéthoscope était livré dans une boîte en noyer pour un prix de $300. Finalement,
ce stéthoscope sera abandonné en 2004, comme d'ailleurs le stéthscope électronique vendu sous la marque Philips et fabriqué par la société
canadienne Andromed. les stéthoscopes de Rappaport-Sprague étaient courts (entre 46 et 61 cm), et ils avaient un air rétro, facilement
reconnaissable avec les deux tubes en latex (un rouge et un bleu sur les derniers modèles). Les modèles des photos ci-dessus datent des années 1960.
La pièce thoracique est gravée RAPPAPORT / SPRAGUE / STETHOSCOPE // SANBORN / COMPANY / WALTHAM / MASS, U.S.A.
L'instrument était livré dans une boîte marquée HEWLETT / PACKARD / SANBORN / DIVISION, qui contient le pavillon, les tubes et 2 jeux d'embouts
auriculaires additionnels. |
Ci-dessus, au centre, le Dr. David Littmann, photographié ici en 1972 (Photo courtesy of the Harvard Gazzete );
on remarque, posé devant lui sur son bureau, un
électrocardiogramme, le traité d'électrocardiographie qu'il a rédigé, et bien sûr un stéthoscope Littmann. A gauche, la photo d'un Littmann
original, de 1961. L'utilisation de l'acier inoxydable et tubes en plastique ferme (du Tygon) à la place du caoutchouc permet de
fabriquer des modèles qui ne pèsent que 3 oz (environ 85 grammes). La photo de droite représente la boîte en carton d'origine
On est en 1980. Un technicien en psychiatrie récemment diplômé devait souvent lutter avec des patients agités pendant
qu'il essayait de placer son stéthoscope pour vérifier les signaux vitaux du patient. Il a modifié le stéthoscope de Littmann et mis au
point un mécanisme de tension du casque biauriculaire qui s'apparente aux ciseaux; le stéthoscope pouvait être tenu d'une seule main,
et pressé comme l'indique la photo sur le couvercle de l'instrument. de cette façon, on pouvait ouvrir ou fermer la lyre et régler ainsi
la pression sur les oreilles, de même que l'on pouvait mettre en place et retirer le stéthoscope avec une seule main. ce jeune homme n'avait que
22 ans pour lequel il a obtenu en 1983 le brevet US # 4406346
Sur la photo ci-dessous, un échantillon de stéthoscopes du siècle dernier dans leurs boîtes en carton: |
Comme je vous l'ai déjà indiqué, ce chapitre provient pour l'essentiel du site antiquemed.com; je me suis simplement appliqué à traduire en français cet article excellent et très bien documenté, et à le compléter au besoin. C'est à mon sens l'article le plus exhaustif et le mieux documenté sur l'histoire du stéthoscope. J'ai puisé également de la matière dans l'article publié par Claude RENNER, paru dans l'HISTOIRE DES SCIENCES MéDICALES - TOME XLIII - N° 4 - 2009. Je vous recommande également l'article "L'évolution du stéthoscope de Laennec à nos jours", par P. HUARD et P.M. NIAUSSAT, Communication présentée à la séance du 13 juin 1981 de la Société française d'histoire de la médecine.